Travailler pour vivre ? Travailler plus pour gagner plus, voire … moins ? Perdre sa vie à la gagner ? Le travail n’a pas obligatoirement bonne presse.
Et pourtant !
Tout le monde s’accorde pour considérer, à titre personnel, le chômage comme une épreuve et au niveau de la société l’objectif de baisse du taux de chômage fait consensus.
Les études ont d’ailleurs montré que le risque de suicide est multiplié par 2 à 3 chez les hommes chômeurs en comparaison à des non chômeurs.[1]
Théodore Zeldin[2], qualifie notre système « d’étrangeté hexagonale ! Et d’abord vos 35 heures, qui marquent la fin du XIXème siècle. En ce temps-lÀ, les ouvriers contraints à un travail pénible, sale et éreintant, cherchaient à réduire autant que possible le nombre d’heures passées à l’atelier ou en usine. Or les conditions ont changé l’Être humain veut désormais se réaliser dans son métier. »
Le travail «en santé » est bien plus qu’un gagne-pain
- Certes, il donne les moyens, au travers du revenu qu’il procure, de pourvoir à ses besoins matériels,
Mais il a bien d’autres « fonctions » :
- C”est un pivot autour duquel se construit notre identité.
Pour s’en convaincre, un mini-test : essayez de vous présenter en ne faisant état ni de votre métier, ni de votre fonction, ni de l’entreprise dans laquelle vous travaillez
- Il est un moyen d’acquérir sa dignité, celle de se savoir un vrai professionnel et de se voir reconnu socialement ;
- Il est un vecteur d’intégration sociale, au-delÀ même de la structuration du temps qu’il induit ; GALLUP a identifié que le fait de compter des amis dans son entreprise est un des 12 facteurs clés du bien vivre son travail .
Seulement le système rend le travail malade
Les illustrations qui suivent sont de Gregory MARIA, tirées du Manifeste » De quels leaders avons-nous besoin ? »
Le malaise actuel nous vient plutôt de ce que l’homme au travail n’est plus considéré comme un sujet, mais comme un objet au même titre que l’outil de travail.
L’homme est réduit à une machine, censée effectuer le travail prescrit, souvent contraint.
Alors que l’homme ne se réalise que dans le travail autonome.
L’homme est devenu une « ressource » (dont on a d’ailleurs confié la gestion à une « Direction des Ressources Humaines » !), une variable d’ajustement dans le pire des cas, un investissement dans le meilleur.
Résultat :
L’entreprise n’est plus une communauté ; elle n’est plus qu’une « boîte », une structure juridique, un lieu où contractent des acteurs sociaux, une « machine à cashflow ».
Quand sa raison d’être « humaine » est de réunir des personnes pour créer un produit/un service qu’ils ne pourraient réaliser seuls : « Permettre à des gens ordinaires de réaliser des choses extraordinaires ».
Et les salariés en sont réduits à « aller au travail les pieds par en dedans », comme le disent nos amis canadiens
C’est bien le système qu’il faut soigner, pas le travail !
[1] Impact of 2008 global economic crisis on suicide: time trend study in 54 countries Shu-Sen Chang, David Stuckler, Paul Yip, David Gunnell BMJ 2013;347:f5239
[2] Britannique, Historien, professeur de littérature française à Oxford,